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 [Traduction] De « l’après végétarisme » - Willow

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Iridesce
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Iridesce


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Date d'inscription : 14/04/2010

[Traduction] De « l’après végétarisme » - Willow Empty
MessageSujet: [Traduction] De « l’après végétarisme » - Willow   [Traduction] De « l’après végétarisme » - Willow EmptySam 2 Juil - 18:39

De « l’après végétarisme »
Par Willow. http://phoenixandtree.wordpress.com/2007/12/01/on-becoming-post-vegetarian/
Traduction par Athénaïs.


Il y a environ deux heures, j’ai mangé du poisson pour la première fois en neuf ans. Je suis entrée dans « l’après-végétarisme » (une expression mémorable sur laquelle je suis tombée dans Wild Fermentation (http://wildfermentation.com/) de Sandy Katz).

Je voudrais d’abord dire clairement que je ne m’exprime pas et ne revendique rien au nom de l’ensemble des végétariens. Il y a beaucoup de raisons valables d’opter pour le végétarisme. Mais pour moi (et je soupçonne que c’est le cas pour bien des gens), le choix de devenir végétarienne était en partie basé sur une déconnexion et un déni des cycles de la vie, de la mort et de la renaissance, merveilleux, désordonnés et sanglants. Voici un exemple de ce que je veux dire : quand j’étais adolescente, j’ai commencé à ressentir des sentiments d’horreur et de tristesse à chaque fois que je voyais des animaux tués sur les routes. Ces sentiments étaient authentiques, mais j’en ai conçu de la fierté, et je les ai probablement cultivés de manière subconsciente, comme preuves de ma sensibilité, de mon empathie, et de ma conscience éthique élevée (particulièrement par rapport à mes parents et à tous les autres banlieusards pas très écolos dont j’étais entourée). On peut légitimement ressentir du chagrin et de l’horreur pour les animaux écrasés sur les routes (et peut-être aussi blâmer la culture de l’automobile), mais plus tard je me suis interrogée : si j’avais grandi dans une culture entretenant une relation saine avec sa terre, où les gens auraient vécu selon les principes du développement durable et avec une conscience constante du monde qui les entourait, une carcasse d’animal trouvée dans les bois aurait-elle déclenché un tel pathos en moi ? Probablement pas.

La vérité, c’est qu’à moins de connaître le secret de la photosynthose, perpétuer la vie requiert la mort d’autres créatures vivantes. C’est également vrai lorsque vous mangez du boeuf ou des légumes, du poisson ou du riz. (J’en ai pris en partie conscience lorsque j’ai lu un passage d’un livre de Barbara Kingsolver – je ne me souviens plus lequel – où un fermier parle du nombre de souris et autres rongeurs tués lorsqu’on moissonne un champ de blé). Je ne pense pas qu’il soit valable de faire des distinctions éthiques entre les différentes formes de vie. Dans le même temps, mon choix de ne pas manger de viande était en partie une tentative de déni de cette vérité, de mon besoin de causer des morts pour perpétuer ma propre vie, et a peut-être même obscurci ma conscience de la valeur sacrée des plantes que je consommais, ces vies qui étaient portées à leur terme pour me nourrir. C’était en quelque sorte un faux-semblant d’innocence, ce qui est typiquement américain.

En tant que païenne et membre de la Tradition Reclaiming qui perçoit le monde naturel en lui-même comme « le livre saint de la Déesse », je ne vois plus le fait de manger des créatures mortes comme horrible, mais plutôt comme un processus sacré dans le cycle de la vie, mort et renaissance. Après tout, dans le livre saint de la Déesse, des animaux tuent et sont dévorés par d’autres animaux en permanence.

Bien sûr, il y a une distinction entre ce que je pense et ce que je ressens. Etre végétarienne a été une part importante de mon identité, et neuf ans, c’est une longue période. Je savais depuis plus ou moins un an que j’allais me remettre un jour ou l’autre à manger de la viande. Durant cette période de changement, j’en suis venue à penser le régime végétarien comme un genre de jeûne pour moi, une purification longue et nécessaire. Et maintenant, le temps était venu de quitter l’air pur des montagnes pour rejoindre l’agitation et le tumulte du festin qu’est le monde.

Assise là, en attendant que mon fish and chips me soit servi, je me suis battue avec ma conscience. J’étais effrayée et un peu dégoûtée par les sons, les scènes et les odeurs du marché aux poissons autour de moi. J’ai pensé quitter les lieux. Je me suis souvenue que j’avais reçu le message dans l’espace sacré, de multiples fois, qu’il fallait que je commence à manger du poisson. Je me suis rappelée pourquoi j’avais choisi de le faire.

J’ai pensé, de quel droit est-ce que je mets fin à la vie de ce poisson, même indirectement ? Quels rêves et quels désirs ont été éteints par le filet qui l’a pêché ? Est-ce que ça ne serait pas mieux, plus pure, de juste laisser la nature suivre son cours sans y interférer ? Et j’ai repensé à tout ce que j’ai écrit ci-dessus, je me suis rappelée que la nature qui suit son cours, c’est un ensemble d’animaux qui mangent d’autres animaux. Je ne suis pas séparée de la nature ; manger ce poisson n’interférait pas avec un paradis virginal et naturel, mais une participation à cette réalité sanglante et magnifique de ce monde sacré.

Après qu’on ait posé devant moi ce plat de fish and chips, j’ai remercié l’esprit du poisson d’avoir donné sa vie pour que je puisse vivre, et j’ai instantanément ressenti un sentiment de paix, et de faire ce qui était juste. La première bouchée fut succulente, douce, et d’une manière surprenante, familière. Pas du tout bouleversante. En mangeant le poisson, j’ai pensé qu’il avait été vivant, qu’il avait nagé dans les profondeurs, et qu’à présent il allait à l’intérieur de moi, où il deviendrait ma propre chair. Cela m’a remplie d’émerveillement ! J’ai ingéré le poisson en toute conscience, j’ai ingéré la capacité de me déplacer sans effort dans l’eau, la joie de nager, l’exploration des profondeurs. Cela aussi était une forme de sustentation, je nourrissais mon âme en même temps que mon corps.

En mangeant les patates, j’ai pensé à elles aussi, et qu’elles avaient été vivantes, rassemblant et stockant de l’énergie dans l’obscurité de la terre. Elles avaient collecté cette énergie pour elles-mêmes, et à présent, je la leur prenais. Les patates aussi étaient un don incroyable, une mort. Je n’ai pas d’habitude ce degré de conscience et de gratitude en mangeant des légumes, et cela m’a confirmé la nécessité spirituelle et le bénéfice pour moi de manger du poisson. Manger ce poisson aujourd’hui m’a fait ressentir une joie et une connexion, une conscience et une appréciation plus profondes de ma propre vie, et de la toile de la vie qui me nourrit constamment.

Durant ce repas, j’ai pensé à la manière dont j’allais manger de la viande à partir de maintenant. J’ai pensé à tout ce que je faisais entrer en moi en mangeant, et à quel point c’était important pour moi de connaître l’histoire de ma nourriture, d’où elle vient, comment elle a vécu, comment elle est morte, pour imaginer ainsi ce que je consomme et ce que je deviens. J’ai vu le chemin devant moi : manger d’abord majoritairement des plantes, puis occasionnellement du poisson pendant quelques mois, et ajouter des oiseaux à mon régime ensuite. Je vais choisir de continuer à ne pas manger de viande rouge ou de porc, pour des raisons de santé.

Je vous invite à utiliser mon histoire, si vous le souhaitez, comme un tremplin pour contempler vos propres habitudes nutritionnelles, vos traditions et vos choix. Qu’est-ce qui vous nourrit ? D’où vient votre énergie ? Quelle est l’histoire de votre nourriture avant qu’elle aboutisse dans votre assiette, et après ? Comment la vie et la mort de votre nourriture impactent-elles toutes les vies qui les entourent ? Que choisissez-vous de nourrir à votre tour ?
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