...Voix d'Ecorce, de Plume et de Sève...
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 [Traduction] Un Esbat de Sorcières - Robert Cochrane

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Iridesce
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Iridesce


Messages : 248
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MessageSujet: [Traduction] Un Esbat de Sorcières - Robert Cochrane   [Traduction] Un Esbat de Sorcières - Robert Cochrane EmptyLun 15 Aoû - 23:27

Un Esbat de Sorcières
Robert Cochrane
Extrait de The Roebuck in the Thicket (le chevreuil dans le bosquet)
Publié pour la première fois dans New Dimensions (numéro de Novembre 1964).
Traduit et adapté de l'anglais par Tsukimi.



Cet article traite d’une véritable rencontre sorcière ; le récit combine des faits réels et des faits inventés, car le rituel intégral ne peut être décrit. Les formes reproduites ici correspondent à celles utilisées par les sorcières de Warwickshire. L’auteur a aussi tenté de décrire précisément, mais sans exagération, ce que l’on ressent réellement lorsqu’on accomplit ce type de rituel, qui ne correspond pas à ce que l’on présente au public comme de la sorcellerie, mais qui demeure néanmoins pratiqué par certaines familles depuis des siècles.

----------------------------

Il fait froid, une brume vaporeuse monte de l’herbe humide tandis que nous marchons à travers champs pour atteindre les grottes. Au-delà des collines, quelque part à l’ouest, un renard glapit son mépris envers nous, les intrus du monde nocturne. Dans le monde silencieux d’Hécate, un million d’insectes tissent leurs petites toiles du destin. Nous nous sentons comme des envahisseurs venus d’une ère plus brillante, nous marchons avec prudence, nous franchissons sans bruit les haies où rien ne bouge. Dans le sac à dos de Peter, le chaudron tinte légèrement lorsque l’un des couteaux le heurte. Il s’arrête pour répartir un peu mieux sa charge, puis nous désigne un endroit sur la colline aux formes indistinctes. Le vent s’engouffre dans les feuilles et les entrechoque tandis que nous entamons notre ascension vers les cavernes.

Nous sommes sept, six hommes et une femme, nos pieds dérapent sur l’herbe rendue glissante par la rosée nocturne et par des insectes qu’il vaut mieux ne pas évoquer, notre propre poids nous fait nous enfoncer dans le sol détrempé. En bas, dans la vallée, les représentants du XXème siècle parcourent les routes sombres à toute vitesse, leurs phares tranchent la nuit pendant un bref instant, puis s’évanouissent, emportant avec eux une pulsation de vie mécanique. Dans la pâle lumière lunaire, nous pouvons discerner les effondrements rocheux qui cachent les grottes. Notre guide s’arrête, puis fait un tour et revient vers nous. « Faites très attention où vous mettez les pieds, le flanc de colline est irrégulier. » Dans la lumière de la lune, les traits de son visage sont vagues. Joan se rapproche et prend ma main, et nous avançons prudemment dans les ténèbres. Des rafales de vent nous fouettent, et à notre gauche, une sensation de vide se précise de plus en plus ; puis nous sortons du vent, et nous nous retrouvons à l’abri des pierres.

Arthur, notre guide, semble soudain disparaître dans le jaillissement blanc d’une lampe de poche, puis il nous semble entendre sa voix sous le sol, faible et étouffée. « C’est bon, vous pouvez descendre. » Un par un, mes compagnons descendent par l’entrée de la caverne, glissant sur la craie mouillée. Joan s’accroupit joliment et nous suit, en tenant toujours ma main pour garder l’équilibre. Je glisse à sa suite dans la grotte. Nous nous remettons d’aplomb et nous tenons debout, nous allumons les lampes-torches pour la première fois depuis que nous avons entamé notre longue marche. La lumière miroite sur les parois humides de la caverne et dans les flaques d’eau de chaux sur le sol. Hors du vent et sous terre, le silence est soudain oppressant, puis tout le monde commence à parler en même temps, nous nous déchargeons de la tension engendrée par la marche et la peur de l’inconnu.

Je fais glisser le sac à dos de mes épaules et je remarque avec quelque répugnance qu’il est couvert de craie mouillée. Je l’ouvre et j’y cherche ma boussole, puis je la scrute attentivement jusqu’à ce qu’elle m’indique le Nord. Les autres commencent à tirer leur équipement de leurs sacs à dos, et me passent du petit bois pour le feu au fur et à mesure qu’ils le trouvent. Je commence à construire le foyer en l’arrosant de paraffine amenée spécialement dans ce but. D’un seul coup, les cavernes deviennent vivantes et chaleureuses, les flammes oranges jaillissent jusqu’au plafond, un million de gouttes d’eau reflètent la lumière, scintillant comme autant de petits diamants.

J'empile davantage de bois sur le feu et je m'écarte, les flammes descendent pour consumer le combustible frais. La fumée serpente sur le plafond, et les garçons éteignent leurs lampes de poche.

Nous nous tenons debout autour du feu, nous nous réchauffons, et nous commençons à nous déshabiller. "Creuse le cercle", dit Joan à Blackie. Il est en train d'enlever son pantalon et se tient comme une grue sur un pied en réfléchissant à ce qu'elle vient de dire. "D'accord, dès que je me serai changé." Il se dépêche de se déshabiller et se rapproche du feu le temps d'attraper sa robe de sorcier et de passer sa cape sur ses épaules. Il se place au centre de la caverne, et commence à délimiter le cercle en creusant au sol une ligne avec son couteau. Les autres accomplissent tous en silence les taches qui leur sont dévolues. Joan et moi cherchons dans les sacs les instruments, nous les nettoyons avec soin et les plaçons sur le rebord rocheux qui nous sert de table. John et Peter mettent en place les bannières de manière à ce que les symboles mystiques soient tournés vers l'intérieur du cercle et situés aux quatre points cardinaux, faisant jaillir des éclats de craie lorsqu'ils les plantent dans le sol.

Blackie se redresse, son visage obscurci par l'effort d'avoir creusé. "Qu'est-ce qu'on dit, si on se fait prendre ?" demande-t'il. "Qu'on est des foutus archéologues, évidemment", répond John. Blackie rit puis se penche à nouveau et continue de creuser. Nous travaillons avec constance à mettre en place Caer Ochlen dans la caverne, jusqu'à ce qu'enfin tout soit prêt. La flamme rouge du feu se reflète dans l'argent du Graal et de la coupe. Je monte le trépied et j'y suspends le chaudron. Il se balance doucement dans la chaleur. Joan apporte le vin dans une bouteille thermos et le verse dans le chaudron. Une vapeur odorante s'élève lorsque le vin froid entre en contact avec le fond de laiton chaud du récipient. "Ca sent bon maman, qu'est-ce qu'on mange ce soir ?" demande Peter, souriant de son propre humour. Joan rit en ajustant sa ceinture et en arrangeant sa robe, plaçant avec soin les sept noeuds.

Nous sommes à présent tous vêtus de nos robes noires, nous ajustons nos capes et nous tenons dans l'humilité et la pauvreté ; les débuts de tout pouvoir magique. Encore un peu de travail, puis je passe l'épée à travers le crâne, le liant soigneusement à la poignée sculptée. Je la brandis jusqu'au centre de la boussole puis je plante profondément la lame dans la terre. Il est temps de commencer. Joan jette des grains d'encens dans le feu, puis elle se bénit elle-même, d'abord l'oreille gauche, puis l'oeil gauche, le front, l'oeil droit et l'oreille droite. Elle se tourne, profilée par les flammes, touche sa bouche, puis son sein droit, puis sa cheville gauche. Nous nous sommes regroupés en croissant autour d'elle, suivant la bénédiction, accompagnant chaque action du murmure d'une prière à Dieu. Les mots anciens se développent dans les ombres de la caverne, les profondes voix de basse des hommes rencontrent leurs échos, entretissés de la voix de Joan.

Le feu bondit, et Joan se rapproche pour de moi pour prendre le graal que je tiens. Le brandissant, elle le présente aux cieux et à la lune, les herbes et les pommes y flottent à la surface de l'eau, et l'obscurité de la caverne semble se masser autour de lui. J'entonne le grand chant, et soudain le silence de la nuit prend vie. Joan abaisse le graal et souffle dessus, puis vide son contenu dans le chaudron. Nous marchons vers lui, toujours groupés en croissant, nos capuches rejetées en arrière, et nous la suivons tandis qu'elle entame la danse ondulante du labyrinthe devant le récipient qui bout. Puis le motif change et nous dansons tous autour du feu.

Nous nous arrêtons, elle plonge la louche dans le chaudron, puis nous la fait passer de l'un à l'autre et nous mangeons les fruits de la vie. Ensuite, Joan, seule cette fois, agite la louche en tous sens en tournant trois fois autour du chaudron, puis y replonge l'ustensile. Nous tirons nos couteaux et les enfonçons dans la terre, puis nous dansons furieusement autour du feu, une fois encore. Je mène la danse jusqu'à ce que nous nous trouvions tous autour du cercle. L'invocateur, qui est le dernier placé, retire le chaudron du feu et verse son contenu dans le petit fossé creusé autour de nous. De la fumée s'élève autour de nous, le liquide rouge s'écoule le long de la rigole et forme un circuit complet, chassant la poussière sur les côtés, s'enroulant autour des branches de saule et de sorbier.

Je franchis le fossé et je me tiens debout face à l'épée et au crâne. Je lève ma main gauche et je trace rapidement les signes avec mes doigts, puis j'accomplis rapidement les gestes traditionnels qui signifient tant pour un sorcier, mes mains tapent sur mes jambes et sur mon corps pour mimer les vieilles légendes. Les autres font de même. Joan lance le gâteau sur le sol à la porte du cercle et enfin, nous franchissons tous la barrière qui sépare les vivants des morts.

"UEIOA", cinq doigts levés. "UEIOA", frappe sur la cuisse gauche, puis en avant avec les chevaux sauvages, et au travers de l'anneau d'argent. Nous commençons à marcher le long du cercle, tenant l'anneau en l'air, puis pour finir nous l'abaissons sur le crâne. Nous nous tournons, nous déposons nos bâtons sur le sol selon la forme du motif du rituel, et nous commençons à tourner en rond. (ndt: we begin to tread the mill, il y a un rapport avec le mouvement d'un moulin qui tourne, et on trouve aussi cette expression traduite par "en spirale". Dans le doute, je traduis par "tourner en rond" mais cela peut être inexact.) Encore et encore, dans le silence absolu, nos doigts suivent le motif que les sept noeuds font dans la corde. Nos volontés, nos pensées, nos concentrations sont entièrement mises dans notre travail, nos capuchons sont rabaissés sur nos yeux, nous pensons, nous voulons, nous visualisons l'image de la vertu qui passe d'une partie de notre corps à l'autre, les sensations changent comme des couleurs pour l'oeil de notre esprit.

Nos brefs moments de baisse de concentration nous donnent l'aperçu fugace de la grotte qui semble tourner autour de nous, avant que nous ne retournions à l'obscurité de nos capuchons et à nos volontés sous pression. La fumée s'épaissit tandis que le feu baisse, et nous semblons tous rencontrer des difficultés pour respirer, nous étouffons presque dans cette atmosphère pesante. Puis d'un seul coup, c'est comme si nous respirions de la glace pure, cristalline et froide. La vertu a été transmutée. Immédiatement après un vent froid semble s'enrouler autour de nos chevilles, arrachant le pouvoir physique de la chair. La peur descend soudain comme une couverture moite, et chacun de nous a l'impression que nous sommes observés ; c'est le rassemblement de la force que nous invoquons. La sensation de peur s'accroit jusqu'à ce que nous devions monopoliser la moindre parcelle de notre volonté pour ne pas fuir.

La caverne semble soudain pleine de bruits de coups et je tressaille, revenant à ma conscience ordinaire totale pendant une brève seconde, puis je me reprends et je me replace sur les sombre sentier de la volonté. Je ne foule plus le sol de la grotte, je marche sur l'air. Mon corps est à de multiples endroits en même temps ; un sentiment de désorientation incroyable m'emplit ; je n'ai plus conscience de mon corps. L'obscurité roule sur ma conscience et je flotte dans le vide autour du cercle, mon corps trébuche mécaniquement, encore et encore...

Je prends conscience de tous les autres du Clan comme s'ils étaient en moi, je peux tous les sentir. Mon esprit retentit de l'impression puissante que quelqu'un se tient là où se trouve le crâne. Immédiatement, nous tendons nos volontés vers la présence, la sondant, la questionnant; immédiatement la sensation de l'étranger augmente. Nous savons qui il est. Mon coeur bondit de peur et de joie en même temps. Nous intensifions notre volonté jusqu'à ce qu'elle soit comme un pont de fer, notre concentration totale va à lui. Nous pouvons vraiment voir des lumières vertes pulser sur le crâne et autour. "Maître, maître", je peux entendre le groupe l'appeler. Une lumière bleue se tord et bouge en spirale au centre du cercle. Nous travaillons davantage, et encore davantage, nos esprits souffrent de subir cet effort intense. La lumière se condense dans la forme d'un homme, portant une cape comme nous. Le pouls du pouvoir bat par vagues à travers nous, encore et encore. Un sentiment d'euphorie efface notre fatigue ; il exsude la force et la sagesse. Nous le saluons.

Nous revenons à nous dans la caverne humide, le feu est presque éteint. Nous nous sentons épuisés, nous ressentons des picotements partout, nous nous arrêtons de marcher, l'air de la grotte devient moins dense dans nos bouches. Joan prononce une prière de remerciement et nous brisons le cercle, nous remettons tout en place comme avant. C'est fini maintenant, nous nous asseyons, apathiques, pendant un petit moment, nous nous réchauffons auprès du feu mourant, car nous souffrons à la fois de froid et de fatigue, nos esprits sont engourdis. Blackie rajoute un peu de bois et attise le feu, il souffle dessus jusqu'à ce que le combustible prenne et lance une chaleur joviale sur toutes choses.

Nous cherchons la nourriture et la boisson dans nos sacs à dos et nous commençons à festoyer. Nous nous sentons peu à peu revigorés, puis pleins d'énergie. Avec la fumée s'élève la discussion, nous rions beaucoup et nous étirons nos membres avec délices devant le foyer incandescent. Six hommes, une femme, tous dévoués les uns aux autres et, par dessus tout, dévoués à nos Dieux. La conversation prend de l'ampleur, nous discutions de toutes sortes de choses. Comment faire ceci... comment faire cela... les femmes, comment les faire venir, mais elles ne ressentent pas d'intérêt pour la sorcellerie de nos jours... le groupe demeure déséquilibré, pas de femmes, pas d'équilibre.

Nous parlons et nous mangeons, puis finalement, nous remettons tout en ordre et nous entamons notre voyage de retour. Fatigués mais revigorés, salis par notre séjour dans la caverne mais purs de coeur. Nous marchons à travers champs, frissonnant dans l'air de l'aube, jusqu'à nos voitures. Un agent de police sort des ombres et s'approche de nous. Excusez-moi... vous êtes garés à un endroit dangereux... qu'est-ce que vous avez dans vos sacs à dos ? Nous vidons nos sacs et nous lui expliquons. On peut voir ce qu'il pense d'après son expression de dégoût et d'horreur. Des questions, encore des questions, des incompréhensions, toujours des incompréhensions. Dieux, nous devons endurer tant de choses, nous autres pauvres sorciers.
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[Traduction] Un Esbat de Sorcières - Robert Cochrane
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