L'histoire d'Amaterasu
Starhawk
in Circle round : raising Children in the Goddess traditions
Traduction/Adaptation par Athénaïs.
Tous en Cercle, et je vais vous raconter une histoire du Japon, sur l'époque où le Soleil a disparu...
Amaterasu était la Déesse du Soleil. Dorée, brillante, elle vivait haut dans les cieux, donnant la chaleur et lumière qui crée la vie de toute chose sur terre.
Un jour elle entendit un grand bruit s'approcher, un grand remue-ménage. « Oh oh », se dit-elle. « On dirait bien mon frère, Susanowo, quand il a trop bu ! »
Susanowo était le Dieu des océans et des tempêtes, qui apportent les éclairs et le tonnerre. Lorsqu'il était de bonne humeur, il pouvait être aussi aimable que la mer calme en été, mais attention à sa colère ! « Je ferais mieux de me protéger », pensa Amaterasu, et elle se munit d'un arc d'or et de flèches en argent.
« Recule », dit-elle à son frère quand il arriva dans le monde céleste.
« Ma soeur, pourquoi est-ce que tu me crois toujours capable du pire ? » lui reprocha-t'il. « Je ne te veux aucun mal ! Je suis juste venu te dire au revoir avant de partir pour un long voyage. »
« J'ai déjà entendu ça », grommela Amaterasu.
« Cette fois c'est la vérité ! » protesta Susanowo. « Je vais te dire quelque chose. Nous sommes des Dieux tous les deux. Pour te montrer que mes intentions sont pacifiques, créons quelque chose tous les deux. Utilisons nos pouvoirs divins pour créer quelques enfants. »
« D'accord », dit Amaterasu. « Donne-moi ton épée. » Elle brisa l'épée en trois, mâcha les morceaux et expira un nuage de souffle de vie sur eux. Ils devinrent trois Déesses.
« Je peux faire mieux que ça ! » dit Susanowo. « Donne-moi tes cinq colliers de joyaux radieux. » Il mordit ses colliers, souffla dessus, et ils devinrent cinq Dieux.
« Très bien », dit Amaterasu. « Mais puisque les Dieux que tu as faits sont issus de mes colliers, ils sont aussi mes enfants. Maintenant, pars en voyage et laisse-moi tranquille. » Et elle prit les enfants avec elle, et alla se coucher.
Susanowo devint fou de rage ! Toute la nuit durant, pendant qu'Amaterasu dormait, il broya du noir et se mit de plus en plus en colère. Il tempêta et tonna à travers les cieux et martela la terre, brisant les irrigations des champs et arrachant le riz de sa tige.
Lorsqu'il parvint au temple d'Amaterasu, le lieu sacré où elle portait le drapé des Dieux lors du festival du Nouvel An, il frappa les murs et jeta des immondices à l'intérieur. Lorsqu'Amaterasu s'éveilla, le toit était enfoncé. Un cheval tacheté errait dans les chambres sacrées, et son frère ivre le poursuivait pour le faire courir en le frappant de son épée, ce qui mettait du sang partout dans son temple. Ses tisserandes furent si terrifiées que quelques unes d'entre elles se piquèrent avec leur propre aiguille et en moururent.
Furieuse, Amaterasu courut s'enfermer dans sa caverne de nuit et verrouilla la porte. « Je ne sortirai plus jamais ! » jura-t'elle. « Qui voudrait briller sur un monde où un ivrogne fou comme mon frère peut causer tant de dégâts ! »
Le monde devint sombre et froid. Le Soleil ne brillait plus pour réchauffer la terre, pour faire pousser le riz. Sans le Soleil, tout commença à dépérir.
Les Déesses et les Dieux s'inquiétèrent. « Nous devons faire revenir Amaterasu ! » crièrent-ils. Ils s'emparèrent de Susanowo et le bannirent des cieux. « Ton frère est parti », dirent-ils à la Déesse Soleil à travers la porte de sa caverne. Mais elle refusa de répondre.
« Sors, s'il te plaît » crièrent-ils. « Les gens meurent ! »
Mais Amaterasu garda le silence.
« Que pouvons-nous faire ? Que pouvons-nous faire ? » dirent les Déesses et les Dieux. « Comment peut-on l'inciter à sortir ? » et finalement ils mirent au point un plan.
« Les coqs chantent pour accueillir l'aube » suggéra une jeune Déesse. « Mettons-en quelques uns autour de l'entrée de la caverne. »
« Apportons le miroir sacré à 8 angles pour refléter sa gloire », dit une vieille Déesse sage.
« Je vais danser », cria la belle Déesse Ama no Uzume. Elle se vêtit de feuilles, posa une baignoire à l'envers devant l'entrée de la caverne et commença à danser dessus. Ses pieds martelèrent la baignoire de plus en plus vite, le bruit était assourdissant. Elle dansa et dansa, devenant de plus en plus frénétique, et en extase elle arracha les feuilles pour danser nue. Les autres Dieux et Déesses rirent de plaisir.
Amaterasu entendait le bruit dehors : les coqs qui chantaient, les pieds qui martelaient la baignoire, le rire des Dieux et des Déesses. Curieuse, elle jeta un oeil dehors. Un rai de lumière illumina le monde.
« Q'est-ce qui se passe ? » demanda Amaterasu.
« Le monde a trouvé une meilleure Déesse que toi ! » proclama Ama no Uzume en continuant sa danse. « Moi ! Si tu ne me crois pas, sors et viens regarder ! »
Mais Amaterasu avait aperçu son propre reflet dans le miroir à huit angles.
« Quelle est cette lumière magnifique ? » cria-t'elle. « Et à qui est ce splendide visage ? »
« C'est toi qui es la très brillante » crièrent tous les Dieux et Déesses. « Ne cache pas ta lumière ! Sors et laisse-nous admirer ta beauté ! »
« C'est vraiment moi ? » Amaterasu ouvrit la porte un peu plus. La lumière augmenta d'autant. « Comme je suis belle ! Pourquoi devrais-je cacher une telle beauté dans une caverne obscure ? »
Echantée par son propre reflet, elle ouvrit grand la porte et émergea. Le Soleil se leva, et le monde redevint chaud et verdoyant. C'est pourquoi toutes les choses vivantes louent la chaleur et la beauté du Soleil, car sans les rayons dispensateurs de vie d'Amaterasu, nous ne pourrions pas vivre.