Préface du livre Handfasting and Wedding rituals ~ Raven Kaldera et Tannin Schwartzstein ~ Traduit de l’anglais par Athénaïs.
Pourquoi demander la bénédiction d’Héra, la Déesse grecque du mariage sur ce livre ?
La majorité de ceux qui ont étudié la mythologie classique la voient comme une mégère jalouse plutôt que comme une déesse douce et positive. Et pourtant… même en mettant de côté l’idée que sa colère puisse être une addition tardive (faite une fois qu’elle fut privée de la plus grande partie de son pouvoir et conservée uniquement en tant que compagne de Zeus), le pouvoir d’Héra mérite d’être pris en considération. A chaque fois que quelqu’un pleure parce qu’il n’a pas de partenaire stable, ou désire désespérément se marier, ou se ronge les sangs de jalousie toute la nuit parce que son conjoint est sorti avec quelqu’un d’autre, il invoque l’énergie d’Héra dans sa vie. A chaque fois que des gens prennent des engagements l’un envers l’autre, rêvent de concrétiser un mariage ou entament une session avec un conseiller conjugal avec la conviction que leur couple en sortira renforcé, ils invoquent également son pouvoir.
Le mariage, comme toutes les choses qui valent la peine d’être faites, est une situation ambivalente. Il n’est pas facile de s’engager, avec qui que ce soit, et de promettre qu’on restera là, qu’on ne s’enfuira pas, qu’on luttera, qu’on partagera et qu’on travaillera sans relâche, qu’on ne déposera pas les armes avant que tout ne semble désespéré, qu’on pensera à l’autre à chaque fois qu’on prendra une décision, qu’on fera passer ses besoins en premier sans pour autant oublier les nôtres. C’est loin d’être simple. En fait, ça peut devenir une véritable galère (bien que surmonter les obstacles soit parfois gratifiant), et c’est la raison pour laquelle la moitié des mariages se terminent en divorces. Pourtant, on persévère, encore, et encore, et encore. Le rêve est trop attirant, et la récompense éventuelle au bout du chemin n’est pas négligeable. Le mariage est un creuset dans lequel les gens en apprennent beaucoup sur eux-mêmes, sur l’éducation qu’ils ont reçue, sur leurs démons, leurs schémas mentaux, leurs forces, leurs défis, et leurs véritables voies. Il est pratiquement impossible de se rapprocher si près d’un autre être humain, même si c’est pour peu de temps, et de ne pas en retirer un enseignement profond à propos de soi.
Ce qui nous ramène à Héra. Elle n’est pas une Déesse facile, bien que ses dons soient grandioses. Elle exige de l’attention, peut-être plus que ce qui est communément admis – comme au sein d’un mariage. Elle provoque des disputes et remet en question l’ordre établi – comme au sein d’un mariage. Elle refuse de lâcher prise, ou de passer au second plan, elle ne veut pas qu’on lui dise de se taire, d’être un simple soutien décoratif. Elle impose qu’on travaille pour être bénis par elle, parfois cela requiert des actes vraiment héroïques, c’est le vrai secret du mariage. Nous demandons dont la bénédiction d’Héra sur ce livre, même s’il ne traite que de la partie positive de la vie maritale : son commencement.
Traditionnellement, Héra était une Déesse triple : fiancée, femme mariée, et veuve. Ce livre est dédié à Héra la fiancée, mais nous gardons en tête que ses deux autres formes existent également en elle. C’est la partie la plus difficile du mariage, celle dont personne ne parle – quel que soit les efforts que vous ferez en faveur de votre relation, tôt ou tard elle rencontrera son terme, comme toute chose. Soit vous divorcerez, soit l’un de vous deux mourra. Cette pensée amère, qui plane juste en dehors du champ de vision sur tous les mariages, rend simplement la joie du moment plus intense. Ainsi va la vie ; on accepte le défi avec l’harmonie. Héra comprend cela.