Un rituel dianique de Mabon (équinoxe d'automne)
Mabon - Equinoxe d'automne
Autour du 21 septembre
Explorer les mystères éleusiniens du rire
Par Hédéra, inspiré de l'Hymne homérique à Déméter
http://discor-dianique.over-blog.com/
Le cercle est tracé.
Invocation aux éléments :
Est :
Je t'invoque, gardienne de la tour de l'Est, Lakshmi, déesse de l'abondance de la nature hindoue.
Sud :
Je t'invoque gardienne de la tour du Sud, Lucina, déesse du soleil à la course croissante et descendante
Ouest :
Je t'invoque, gardienne de la tour de l'Ouest, Cérès, déesse des blés, initiatrice des mystères de la vie et de la mort
Nord :
Je t'invoque gardienne de la tour du Nord, Perséphone, déesse de la terre noire qui retourne de la lumière vers l'obscurité
Invocation à la Déesse :
Nous t'invoquons, Déméter Eleusinienne, qui en ce jour laisse repartir ta fille Perséphone pour le domaine de l'obscurité. La générosité de ton abondance coule à flot de par le monde et l'humanité danse et chante de la paix et de la sécurité que tu leur procures. Pourtant c'est pour toi comme pour nous jour de peine, car la Fille reprend son voile noir et est reconduite dans le royaume des Morts. Sois présente Blonde Déesse, afin que, une fois de plus depuis des millénaires, nous honorions le temps des Mystères Sacrés que murmurent la terre. Qu'il en soit ainsi !
Séquence de respiration profonde, méditation sur la descente de Perséphone aux Enfers, de la séparation d'avec sa Mère, de la nuit qui prend le pas sur le jour, de la terreur, de la peine, du déchirement devant l'inconnu de la mort et de l'obscurité. Lorsque la méditation aura laissé passé assez de temps à la musique, chantonner en même temps la musique tout en continuant à respirer profondément.
Suite à cela, l'une prend le rôle de la prêtresse/ Baubô, et l'autre de Déméter. La prêtresse se revêt alors d'un voile sombre sur la tête, Déméter est également voilée comme lors d'un deuil. Mais sous les voiles de chacune, les habits sont de couleur de l'automne et de l'abondance de la saison. La prêtresse se met à l'est alors que Déméter est à l'ouest, assise, méditative sur la séparation.
8 bougies avaient été allumées, symbolisant les 8 stations de l'année. Déméter et Baubô font un demi-tour de cercle, mais Déméter continue de l'est vers l'ouest, en éteignant à chaque fois les bougies de Imbolc à Mabon, en mettant un temps d'attente avant d'éteindre celle de Mabon, comme une hésitation douloureuse. En se relevant, elle croise le regard de la prêtresse/Baubô.
Déméter :
J'ai longuement marché de par le monde, je suis si fatiguée, où sommes nous?
Prêtresse :
Bienvenue à Eleusis, Honorable Mère . ( elle fait tomber son voile sombre) Tu arrives à temps, les jours sont déjà égaux aux nuits, le vent frais du soir annonce des heures rudes à venir. Mais entre avec les femmes; nous sommes bien ici, nous ne manquons de rien. Le soir tombe mais nous festoyons de l'abondance de la terre, viens partager avec nous les moissons de la vie.
Déméter :
Merci à toi, hôtesse généreuse; mais je n'ai pas faim. Ni mes doigts, ni mes lèvres ne savent toucher un fruit de la terre; mes jambes m'ont portées jusqu'ici mais mes yeux sont clots à la beauté, mes oreilles sont fermées à vos chants réjouis. Dans les fumets de vos plats cuisinés en ce jour, ne sens sans rien d'autre que la douleur de la mort.
Prêtresse :
Viens avec moi, ma Mère, accepte au moins la protection de ma demeure. Tu pourras t'y reposer en sécurité, et toutes les richesses que nous possédons seront aussi tiennes, pour le temps que tu désireras rester.
La prêtresse se dirige vers le centre du cercle, face à l'autel, et Déméter la suit. Elle lui présente la pace d'honneur, que Déméter refuse de la tete, alors elle lui présente un siège recouvert d'un tissu blanc.
Prêtresse :
Reçois ce siège ma Mère. Mais dis moi, quel est le nom de celle qui est mon hôte en ce soir si heureux et chers à nous et pourtant si funeste à ton coeur?
Déméter :
Mon nom est Déo, je l'ai reçu de ma mère vénérable.
Déméter garde les yeux baissés et elle tient son voile bleu sombre de ses mains. Baubô prend alors la coupe de vin (recouvert d'un linge) sur l'autel et le présente à Déméter. Elle lui dévoile alors la coupe.
Baubô :
Partage nos festivités, chère Déo, et bois avec nous le breuvage divin que nous avons vendangé pour la joie et l'extase.
Déméter refuse de la tete, et Baubô repose la coupe. Baubô prend alors le plat de fruits et gateaux de saison, couverts d'un linge. Elle le lui tend, et le découvre.
Baubô :
Accepte de savourer avec nous les mets de la saison d'abondance, qu'aucune des richesses de cette terre et de cette maison ne te sois refusée.
Déméter refuse de nouveau, et se recouvre plus encore de son voile alors que Baubô va reposer le plat.
Baubô, toute de sourire, s'approche de Déméter et lui dit en sa direction :
Je connais une histoire, ma Mère, que je vais vous compter. C'est celle du visage qui rit et qui grimace tantôt il s'égaie de mille sourires, et soudain voilà qu'il est grimaçant, avant de sourire et de s'esclaffer de nouveau. Tout cela en quelques instants.
Déméter regarde Baubô, intriguée.
Baubô :
Ce visage, ma Mère, je vous l'assure est extraordinaire. Voyez donc ...
Baubô se découvre et commence à interpréter une danse du ventre.
Baubô :
Caché sous des plis sombres, c'est la vie qui sans cesse sourit et danse.
Déméter est surprise, puis elle sourit et rit. Elle se lève alors et repousse le voile sombre.
Déméter :
Bénie soit cette ville d'Eleusis qui sut si bien accueillir une vieille femme rongée du chagrin d'avoir perdu sa fille, et qui sut, le temps d'un festin, rendre le sourire à une mère affligée. La terre, inexorablement, s'enfoncera dans les ténèbres à mesure que le temps passera, et le soleil et la vie ne reviendront que lorsque ma bien aimée Kore sera revenue à les côtés. Mais écoutez, heureuses femmes d'Eleusis, vous qui avez partagé foyer, boisson et nourriture avec Déméter; recevez en présent mes mystères que vous transmettrez à travers les siècles. Que la sage Baubô soit honorée de par les siècles, car elle a su égayer Déméter dans son chagrin. N'oubliez jamais sa sagesse, sachez transmettre aux générations à venir les mystères de l'éclair du rire qui déchire les ténèbres, la toute puissance de la vie qui se retire pour sommeiller avant de renaitre, mais qui continue de danser en chacune de vous. Honorez le rire dans la joie, honorez le rire dans la peine; car il sait chasser les ténèbres de nos coeurs et faire naitre la chaleur en nous au coeur de la nuit. Plus que tout, le rire est sagesse et résistance. Voilà le mystère, et ce qui rit ne sait être dompté et détruit.
Baubô:
Fêtons, fêtons les dons de la terre. L'heure est au rire et non à la peine. Réunissons nous et célébrons ce temps de richesse et de joie. Sois bénie la terre pour son abondance généreuse, pour nous offrir avec grâce et largesse la subsistance à nos jours, et la nourriture à notre âme. Partageons nos récoltes et nourrissons nous de la sagesse de cette célébration.
Partage de ce qu'on a récolté jusqu'ici cette année.