« A Witch Alone », « Une Sorcière Solitaire » de Marian Green
Traduction Lyoleth
http://la-lwe.bbfr.net/
Bien qu'ils changent, le Dieu et la Déesse des sorcières sont immanents ; ils peuvent être approchés pour les prières ou la consolation, pour les conseils ou la guérison. C'est dans cette relation très personnelle que le vrai paganisme s'exprime. Vous arriverez à voir n'importe quels aspects des Grands Anciens dont vous aurez besoin pour vous aider. En allant les voir régulièrement dans les endroits silencieux de votre coeur et dans les endroits naturels du monde, vous finirez par les connaître comme s'ils étaient des amis, des parents, des amants, des enseignants, des guérisseurs ou des guides vénérables et sages, dans votre vie. Parce qu'ils gouvernent tous les aspects du changement, la manière dont vous les verrez, dans les rêves, les méditations et les rituels, reflétera ce que vous espérez voir. Leur substance n'est pas de ce monde, immuable et fixe, mais elle est malléable, une substance astrale qui peut apparaître sous de nombreuses formes ou caractéristiques. Si vous demandez à les voir comme ils sont, peut-être verrez-vous seulement une lumière, ou sentirez-vous un pouvoir, ou le feu que vous pouvez seulement découvrir. C'est parce qu'ils ont beaucoup d'attributs, élaborés pendant la longue enfance de l'humanité, et beaucoup de visages, de noms, d'associations et de pouvoirs; qu'il est important de considérer le concept exprimé par Dion Fortune : ‘Tous les Dieux sont Un Dieu, et toutes les Déesses sont Une Déesse, et il y a Une Source.’ Elle fait écho aux mots précédents mis dans la bouche d'Isis par Apulée, il y a 1800 ans.
Cette multiplicité de divinités peut sembler confuse à certains, sauf à tenir compte du passé. Vous considérez un assortiment d'aspects, personnifiés par les gens en de nombreux dieux et déesses, mais tout comme les catholiques romains ont beaucoup de saints, chacun avec sa propre histoire de vie, martyre et spécialité, c'est ainsi que les premiers païens voyaient leurs divinités. Fondamentalement les deux traditions ont le concept d'un Créateur ou, pour le folklore magique, une Source, dont le pouvoir est plus tangible et abordable grâce à ces saints, déités ou êtres angéliques venus à l'existence.
La majorité des païens ne rejettent pas le concept d'une force créative ou génératrice, brillant comme une lumière à travers l'existence des dieux et des déesses, mais la comprendre est au delà de nos capacités, quelque chose de trop éphémère à définir. Vous trouverez des références à ‘l'Illumination’ ou aux ‘Lumières’, ‘Voir la Lumière’, et l'extase de ‘l'Expiation’ ou ‘l'Unité avec Toute Création’ qui arrivent pendant les expériences mystiques. Ceci est une expérience bien plus élevée que celle vécu habituellement dans les rituels, bien qu'un tel travail puisse amener des gens très prosaïques à avoir certaines visions extraordinaires et quelques réveils intérieurs, même si de tels événements transcendantaux ne sont ni recherchés ni attendus.
Voici une rencontre fictive avec l'un des aspects du Seigneur du Sauvage, extrait d'une source que certains risquent de trouver étrange, un livre d'histoire pour enfants, Le Vent dans les Saules par Kenneth Grahame. Certains des personnages animaux cherchent l'enfant de la loutre et sont conduits sur une île :
Ils marchent en silence, dans un pré fleuri et parfumé... jusqu'à ce qu'ils arrivent sur une petite pelouse d'une merveilleuse couleur verte, entourant des arbres du verger de la Nature — pommier, cerisier, et prunelliers sauvages. ‘C'est l'endroit de ma chanson-rêve, l'endroit où la musique jouait vers moi,’ chuchote le Rat, comme dans une transe, ‘Ici dans cet endroit sacré, ici plus qu'ailleurs, nous Le trouverons sûrement !’
Alors soudain la Taupe senti un grand Respect arriver en lui... Pas de la terreur ni de la panique — en effet il se sentait merveilleusement en paix et heureux - mais c'était un respect qui l'impressionnait et l'immobilisait... Et toujours il y avait le silence dans les branches hantées de dizaines d'oiseaux;... et toujours la lumière qui grandissait... L'injonction semblait dominante et impérieuse. Il n'aurait pas pu réagir même si la Mort s'apprêtait à le frapper soudainement, après avoir appris des choses...cachées à juste titre. Il obéit en tremblant... alors dans la clarté parfaite de l'aube imminente, la Nature explosa de couleurs incroyables... il regarda les yeux de l'Ami et du Sauveur; il vit la courbure des cornes, qui miroitaient dans la lumière grandissante ; il vit le nez rude et crochu entre les yeux amicaux et amusés qui le regardaient, pendant que la bouche entourée de barbe esquissait un demi-sourire; il vit l'ondulation des muscles sur le bras qui reposait à côté de la large poitrine, la main souple et longue tenant la flûte de Pan qui venait de s'échapper des lèvres entrouvertes; il vit les courbes splendides des jambes poilues posées à l'aise et majestueuses sur le pré ; et il vit surtout, se blottissant entre les sabots,... une petite boule, le bébé loutre...
Alors les deux animaux, s'accroupissant à terre, inclinèrent leurs têtes et rendirent grâces.
Soudain, le magnifique disque doré du soleil apparut à l'horizon, et ses premiers rayons, affleurant la prairie, les éblouirent. Quand ils furent capables de regarder à nouveau, la Vision avait disparu, et l'air était plein du carillon des oiseaux qui saluaient l'aube.
Le passage entier, tiré du chapitre ‘le Joueur de Flûte aux Portes de l'Aube’, mérite d'être lu attentivement, et son symbolisme et ses images fortes, utilisées pour la méditation. Des évocations de Pan tout aussi belles, se trouvent dans les invocations magiques d'Aleister Crowley, les poèmes païens de Doreen Valiente et dans les romans de Dion Fortune, surtout dans The Goatfoot God (Le Dieu au pied de bouc). Vous aurez besoin de rechercher ces représentations, ces invocations et ces images notamment celles qui se rapprochent le plus de votre vision intérieure du Grand Dieu de la Nature, Seigneur du Sauvage ou Chasseur Cornu, couronné d'andouillers, qui conduit sa meute de chiens mystérieux à travers le ciel, présage d'orages ou de tempêtes.
Cependant, ne recherchez pas des pouvoirs apprivoisés, ni le Dieu ni la Déesse ne doivent être appréhendés comme l'aimable Jésus, humble et doux. Doreen Valiente évoque cette expérience dans les mots d'un extrait de son poème, Invocation au dieu Cornu:
Viens, O viens, au tambour de notre coeur qui bat !
Viens à nous qui nous rassemblons ici-bas, Quand l'immense lune blanche monte lentement,
A travers les étoiles haut dans le firmament. Nous entendons tes sabots dans le vent de la nuit !
Comme les sombres branches des arbres s'agitent et sourient, avec joie et terreur nous te savons tout près.
Ton pouvoir se révèle par notre charme énoncé, Au solstice, à l’équinoxe et au sabbat
Mot de vertu, le voile à arracher, De l'aube primitive à la fin du monde entier.
C'est la sensation d'excitation associée au sacré qui montre aux néo-païens que leur Dieu et leur Déesse sont présents, d’une certaine manière, dans les rituels ou dans les célébrations de festivals, ces dernières représentant leurs cycles de vie. Les idées que vous pourrez explorer selon leur valeur pour vous, incluent les concepts les plus largement admis des Grands Anciens. D'abord, il vous faut considérer la multiplicité de leurs natures, Mâle ou Femelle, Mère et Père, Immanents et Sacrés pourtant. Vous devez savoir que beaucoup de païens acceptent l'idée d'un Esprit Créateur, un Initiateur, une Première Emanation du vide. Vous devez aussi savoir que le principe de réincarnation est courant parmi les païens et les sorcières, qui pensent que chaque créature vivante a un esprit immortel évoluant sur un chemin où il vivra de multiples vies.